2012-10-28

 

Une première analyse du DALIAF

Après avoir dépouillé depuis début octobre le DALIAF (Alire, 2011) de Claude Janelle et déterminé les limites de l'exactitude qu'on peut en attendre, il paraît clair qu'il convient de le traiter statistiquement dans l'espoir que les erreurs, coquilles et imprécisions seront noyées dans la masse.  Avec plus de 1600 auteurs, l'échantillon est certes intéressant, même si Janelle est le premier à avouer que l'échantillon est probablement biaisé par la sous-représentation des auteurs de textes courts de science-fiction et de fantastique entre 1900 et 1960.  Du point de vue démographique, un second problème apparaît.  Environ 18% des auteurs du XIXe siècle restent anonymes, ou, à tout le moins, leurs dates de naissance et sexe demeurent inconnus.  De même, si on suppose que la plupart des auteurs inconnus du XXe siècle ont publié durant le dernier quart de siècle (la période pour laquelle la plupart des textes courts dans les périodiques ont été recensés) et si on pose que la plupart de ces auteurs ne seraient pas nés avant 1950, on peut également évaluer que les données démographiques manquent pour environ 19% de ces auteurs.  D'un point de vue numérique, cette lacune n'affecte guère les totaux pour le XIXe siècle, qui resteraient minimes dans tous les cas de figure.  Pour le dernier quart de siècle, on parle toutefois de plus de 200 écrivains, qui relèveraient sans doute de manière notable le total des auteurs nés durant les années 60, 70, 80 et 90.  Il est néanmoins intéressant que des résultats similaires procèdent de causes dissimilaires : l'utilisation de pseudonymes restés opaques au XIXe siècle et la signature ponctuelle de textes par des auteurs éphémères dont les noms sont connus mais trop communs pour qu'ils soient retrouvés.

Du point de vue démographique, le DALIAF présente aussi l'inconvénient de ne pas préciser le sexe de l'auteur même quand le compilateur le connaissait sans doute.  Par excès de prudence, je n'ai en général pas présumé du sexe des auteurs (dépourvus d'une biographie) prénommés Claude, Dominique ou Doris, sans parler des écrivains employant un pseudonyme non élucidé.  Du coup, la taille de l'échantillon des auteurs pour lesquels nous disposons (i) de la nature de leur production (SF, FA ou FY), (ii) de leur pays de naissance, (iii) de leur année de naissance, et (iv) de leur sexe, diffère selon la catégorie.  Sauf erreur, après les exclusions applicables, il n'y aurait que 1386 auteurs pour lesquelles toutes ces informations seraient connues.  Il convient donc de garder en tête que les échantillons considérés selon (i) leur production, (ii) leur origine, (iii) leur année de naissance, ou (iv) leur sexe ne sont pas strictement comparables puisque la cardinalité de chaque ensemble diffère plus ou moins de celle des autres.

Enfin, la question se pose de savoir comment classer les auteurs en fonction de leur production.  Certains n'ont écrit que des textes fantastiques ou de la science-fiction, mais beaucoup ont écrit de la science-fiction et du fantastique, du fantastique et de la fantasy, ou de la science-fiction, du fantastique et de la science-fiction.  En général, j'ai regroupé les auteurs en deux grands groupes : soit les auteurs qui ont écrit seulement de la science-fiction ou pratiqué seulement le fantastique, soit les auteurs qui ont écrit au moins un texte de science-fiction (SF, etc.) et les auteurs qui ont écrit au moins un texte de fantastique (FA, etc.).

Note finale : j'ai analysé les dates de naissance des auteurs du DALIAF avant d'avoir identifié les dates de naissance d'Alphonse Guérette et Louis Perron.  Par conséquent, les résultats sont légèrement infidèles pour le XIXe siècle, mais sans vraiment changer les grandes tendances.

Les hommes et les femmes

En tout, j'ai décompté 565 femmes et 1105 hommes parmi les auteurs dont le sexe est à peu près certain, les femmes représentant donc 33,8% et les hommes 66,2% du total.  En ne considérant que les auteurs qui ont pratiqué un seul genre littéraire, la répartition change.

SF seulement
Femmes : 129 (26,4%)
Hommes  : 359 (73,6%)

FA seulement
Femmes : 302 (38,7%)
Hommes : 478 (61,3%)

FY seulement
Femmes : 43 (55,8%)
Hommes : 34 (44,2%)

Certains clichés se confirment.  On aurait pu croire que l'inclusion d'auteurs ayant pratiqué d'autres genres brouillerait la tendance, mais ce n'est pas vraiment le cas.  Si on considère les auteurs qui ont signé au moins un texte de science-fiction (SF et autres), au moins un texte de fantastique (FA et autres) ou au moins un texte de fantasy (FY et autres), les pourcentages bougent à peine.

SF et autres
Femmes : 204 (26,2%)
Hommes : 576 (73,8%)

FA et autres
Femmes : 390 (35,6%)
Hommes : 705 (64,4%)

FY et autres
Femmes : 74 (48,7%)
Hommes : 78 (51,3%)

En incluant les auteurs occasionnels de fantasy, les hommes deviennent majoritaires dans cette catégorie, mais de peu, de sorte qu'on peut conclure qu'au Canada francophone, les femmes ont représenté environ un quart des auteurs de science-fiction, entre un tiers et 40% des auteurs de fantastique, et la moitié des auteurs de fantasy.  Selon cette étude (.PDF) des auteurs au Québec, la profession littéraire regroupait 1510 écrivains en 2010, dont 825 hommes (55%) et 685 femmes (45%).  Par conséquent, les genres de l'imaginaire sont plus dominés par les hommes que l'ensemble de la littérature, sauf en ce qui concerne la fantasy qui est le royaume de la parité, à l'intérieur des marges d'erreur.

Les genres ou sous-genres

Le dénombrement des auteurs selon le ou les genres qu'ils ont pratiqués donne la répartition suivante.

SF seulement 496 29,3%
FA seulement 793 46,8%
SF+FA 251 14,8%
SF+FY 10 0,6%
SF+FA+FY 36 2,1%
FA+FY 30 1,8%
FY seulement 78 4,6%
Total 1694 100.0

Sans surprise, les auteurs qui n'ont pratiqué que le fantastique représentent pratiquement la moitié du total.  Si on exclut les purs et durs de la science-fiction et de la fantasy, les auteurs qui ont publié au moins un texte de fantastique représentent 66% du total.  Cela s'explique en partie par les racines très anciennes du fantastique dans la littérature québécoise, mais en partie sans doute aussi par la plus grande respectabilité du fantastique au sein de l'institution littéraire.  Si on regroupe de la même façon tous les auteurs qui ont touché au moins une fois à la science-fiction, ils ne comptent que pour 47% de l'ensemble, ce qui demeure fort significatif.   Comme on pouvait s'y attendre, compte tenu de l'origine relativement récente de la fantasy identifiée en tant que telle, les auteurs qui ont touché au moins une fois à la fantasy ne représentent que 9% de l'ensemble.  Cette origine récente pourrait également expliquer le nombre réduit d'auteurs qui ont combiné soit la science-fiction et la fantasy soit le fantastique et la fantasy, alors que le nombre d'auteurs qui ont combiné les trois genres est plus élevé que pour ces deux combinaisons.

L'origine géographique et nationale

Les auteurs dont le pays de naissance est connu se répartissent comme suit.

Canada 1218
France 93
Belgique 12
Haïti 12
Algérie 9
États-Unis 9
Suisse 7
Roumanie 5
Royaume-Uni 4
Italie 3
Uruguay 3
Viêt-nam 3
Congo (Rép. Dém.) 2
Espagne 2
Pologne 2
Allemagne 1
Brésil 1
Bulgarie 1
Cambodge 1
Chine 1
Côte d'Ivoire 1
Égypte 1
Guyane 1
Hongrie 1
Japon 1
Luxembourg 1
Maroc 1
Monaco 1
Pérou 1
Serbie 1

Le DALIAF ne traite pas de manière parfaitement systématique les pays où sont nés (et morts) les auteurs recensés.  Dans certains cas, Janelle indique des pays qui n'existent plus (la Yougoslavie) tandis qu'il situe la naissance de certains écrivains dans des pays qui n'existaient pas au moment de leur naissance (l'Algérie, la République démocratique du Congo, la Côte-d'Ivoire ou le Viêt-nam).  Ceci ne nous aide guère à cerner la nationalité ou citoyenneté des auteurs du DALIAF, mais on peut néanmoins en tirer d'utiles indications sur l'origine géographique.  J'ai donc choisi de retenir comme lieu de naissance les pays actuellement en existence.  (Il convient de se souvenir que l'origine géographique peut être purement circonstancielle : Alain Bergeron ou Michèle Laframboise sont nés à l'extérieur du Canada parce que leurs parents étaient de passage à Paris ou Londres, mais ils ont passé le reste de leur vie au Canada.)

Les auteurs d'origine canadienne représentent 87,1% du total et les auteurs d'origine française 6,6%, de sorte que tous les autres auteurs mis ensemble ont le même poids que les auteurs d'origine française.  Si on s'en tient à un top 10 (compte tenu des ex aequo), la liste se réduit à ce qui suit:

Canada 1218
France 93
Belgique 12
Haïti 12
Algérie 9
États-Unis 9
Suisse 7
Roumanie 5
Royaume-Uni 4
Italie (ex aequo) 3
Uruguay (ex aequo) 3
Viêt-nam (ex aequo) 3

Ainsi, on peut répartir les écrivains du DALIAF en trois groupes inégaux : ceux qui sont nés au Canada, ceux qui sont nés en France et tous les autres.

L'origine géographique influence-t-elle les genres pratiqués par ces auteurs ?  Le tableau ci-dessous ne révèle pas de différences significatives, mais les puristes de la science-fiction et de la fantasy semblent bel et bien se recruter plus souvent au Canada qu'ailleurs tandis que le fantastique pur domine chez les auteurs venus de pays autres que le Canada ou la France.


   N    (%) Canada (N)         (%)    France  (N)        (%) Autres (N)         (%)
SF seulement 496 29,3 340 27,9 24 25,8 23 26,1
FA seulement 793 46,8 558 45,8 37 39,8 43 48,9
SF+FA 251 14,8 198 16,3 24 25,8 16 18,2
SF+FY 10 0,6 8 0,7 0 0,0 1 1,1
SF+FA+FY 36 2,1 30 2,5 3 3,2 2 2,3
FA+FY 30 1,8 27 2,2 3 3,2 0 0,0
FY seulement 78 4,6 57 4,7 2 2,2 3 3,4
Total 1694
1218 93 88

En regroupant les auteurs en fonction du genre qu'ils ont en commun, on obtient le tableau suivant.



N     (%) Canada France Autres
SF et autres 793 38,6 576 38,1 51 40,5 42 38,5
FA et autres 1110 54,0 813 53,8 67 53,2 61 56,0
FY et autres 154 7,5 122 8,1 8 6,3 6 5,5

Du coup, l'avance du Canada en matière de science-fiction n'est plus aussi claire, mais l'intérêt des auteurs d'autres origines pour le fantastique demeure aussi marqué.  La fantasy reste plus dominante chez les auteurs canadiens que chez les autres.  Pour l'instant, il est difficile d'en dire plus.  L'origine géographique ne semble pas être un facteur important de différenciation, sauf à la marge.

L'évolution chronologique

En attendant de compiler les parutions par année (ce sera pour une autre fois), j'ai compilé les naissances des auteurs sur différentes périodes.  Pour l'instant, le XXe siècle domine les autres.  Un auteur est né au XVIIIe siècle, 87 sont nés au XIXe (en incluant Guérette et Perron) et 1369 au XXe.  La répartition par décennies est plus parlante.
Avant le décollage des années 1910 (qui correspond à des auteurs qui ont pu profiter dans la quarantaine de l'essor de la littérature québécoise soit durant la Seconde Guerre mondiale soit durant les années 60), il y a eu deux décennies particulièrement fructeuses au XIXe siècle.  La seconde, celle des années 1870, correspond aux auteurs que j'ai appelés « les enfants de Jules Verne », dans un article pour Solaris en 2005.  Néanmoins, la sous-représentation des textes signés entre 1900 et 1960 pèse sans doute sur les données pour la seconde moitié du XIXe siècle et le début du XXe siècle.  Est-ce admissible qu'en 1910, dans un Québec nettement plus peuplé et alphabétisé qu'en 1840, il soit né à peine plus d'auteurs qu'au milieu du XIXe siècle?

Au XXe siècle, la décennie la plus féconde est sans conteste celle des années cinquante, mais les années quarante ont été pratiquement aussi fécondes que les années soixante.  Pour la période qui va de 1940 à 1960, plusieurs facteurs jouent sans doute pour maximiser la participation des auteurs.  D'abord, il ne faut pas se cacher que l'écriture est devenue un des passe-temps favoris des retraités (qui s'auto-éditent au besoin).  En 2008, cette cohorte avait entre 48 et 68 ans, donc de l'aube de la retraite anticipée à la pleine retraite.  Par conséquent, on peut considérer que cette cohorte avait essentiellement donné tout ce qu'elle avait à donner en fait de publications dans les genres.  En revanche, les cohortes plus jeunes intègrent les contributions d'auteurs débutants, mais pas nécessairement celles d'auteurs tardifs ou retraités.

Ensuite, il est évident que ce pic correspond en gros au maximum du baby-boom québécois.  Si plus d'auteurs sont nés durant les années cinquante, ce serait tout simplement parce qu'il y avait plus d'auteurs potentiels.  Toutefois, si on superpose la courbe des naissances pour l'ensemble du Québec au chiffre des naissances d'auteurs par année, comme dans une des figures plus bas, la corrélation n'est pas entièrement convaincante.

Enfin, les auteurs nés durant cette période avait l'âge idéal pour faire partie de la première génération d'écrivains du milieu.  Ceux qui ont eu vingt ans entre 1974 et 1979, quand les trois premières revues spécialisées (Requiem/Solaris, imagine..., PTGBDA/Pour Ta Belle Gueule D'Ahuri) sont lancées, ont pu mettre le pied à l'étrier et profiter ensuite de l'ouverture des premières anthologies et des maisons d'édition.  La progression pouvait se faire naturellement et ils bénéficiaient de l'avantage d'être les pionniers.  Les générations qui ont suivi ont dû se tailler une place dans un champ déjà en partie occupé.

Si on raffine par périodes de cinq ans et non par décennies, la figure suivante confirme surtout les résultats de la première figure.  La période la plus féconde s'inscrit décidément entre 1945 et 1960, ce qui confirme l'importance du baby-boom.
Néanmoins, si on se concentre sur la période strictement définie comme celle du baby-boom, mettons de 1946 à 1964, la superposition par année dans la figure ci-dessous est moins probante.  Le maximum des naissances au Québec correspond tout à fait au maximum des naissances d'auteurs, mais il y a des décrues en 1952 et 1956.  La décroissance des années soixante, pour ce qui est des auteurs, est plus abrupte que pour la courbe des naissances.  On peut sans doute en conclure que la démographie n'explique pas tout.  Il
demeure des éléments aléatoires, dont le parcours personnel des individus et leur talent.
Enfin, je me suis posé la question de la fortune de la science-fiction dans le temps.  La production de science-fiction s'est raréfiée, en principe, durant les années quatre-vingt-dix tandis que l'horreur, la fantasy et, dans une moindre mesure, le fantastique ont connu des vogues appréciables.  Par conséquent, j'ai produit la figure suivante, qui compare la démographie des auteurs qui ont seulement écrit de la science-fiction et la démographie des auteurs qui ont seulement écrit du fantastique.

La génération de 1840, dans le fantastique québécois, se détache très clairement, ainsi qu'un second pic vers 1860.  (Ce qui ne tient même pas compte de Perron, né en 1844, et Guérette, né en 1860...)  En revanche, les pics pour la science-fiction et le fantastique coïncident durant les années cinquante.  À la rigueur, la décroissance du nombre d'auteurs de science-fiction est plus abrupte que la décroissance du nombre d'auteurs de fantastique.  Durant les années trente et quarante, les augmentations étaient pratiquement parallèles, mais un décalage très net apparaît dans la phase décroissante.  Cet effet serait peut-être accentué si je groupais les auteurs de fantastique et de fantasy, mais ce n'est qu'une hypothèse.

En examinant ensuite les auteurs qui ont écrit au moins un texte de science-fiction et ceux qui ont écrit au moins un texte fantastique, on obtient la figure ci-dessous, qui ne modifie pas le portrait de manière significative.  Le déclin des auteurs qui ont la science-fiction en commun relativement aux auteurs qui ont le fantastique en commun est moins abrupt.  On  observe quand même des augmentations parallèles durant les années trente et quarante, et un décrochage plus net des auteurs de science-fiction.
Pour la petite histoire, on aura noté ci-dessus que l'année la plus féconde en naissances d'auteurs de genre a été 1958.  L'ironie, c'est que ce groupe d'auteurs (ci-dessous) inclut relativement peu d'auteurs reconnus dans les genres de l'imaginaire.  Les plus célèbres sont sans doute Chrystine Brouillet, Gaétan Soucy, Charles Montpetit, Marcel Olscamp, Vittorio Frigerio et Richard Blanchette.


Barrette Johanne
Beauchamp Suzanne
Bisson Lucie
Bouchard Marjolaine
Bouthillier Ginette
Brouillet Chrystine
Chouinard Claire
Coulombe Colette
Dussault Danielle
El Yamani Myriame
Guay Gisèle
Internoscia Gisèle
Lacerte Marie-José
Lamontagne Marie-Andrée
Legault Anne
Poirier Lucie
Posadas Patricia
Turcotte Hélène
Bélisle Denis
Benoit François
Bergeron Michel
Blanchette Richard
Dubé Jean-François
Dufour Michel
Frigerio Vittorio
Goulet François
Grégoire Pierre
Labelle Simon
Lacoste Jean-Paul
Larochelle Roland
Laurendeau Paul
Lemelin André
Martel Claude
Melançon Benoît
Montpetit Charles
Normandeau Régis
Olscamp Marcel
Osadchuck Robert
Petit Richard
Philipps Maurice
Pratte François
Riendeau Jacques
Soucy Gaétan
St-Denis Michel
St-Michel Denis
Tardif Réjean
Vézina Christian
(Sinclair Dumontais, pseudonyme)

On pourrait poser d'autres questions et j'invite mes lecteurs à le faire.  Si j'en ai l'occasion, je soumettrai les données aux épreuves suggérées pour voir ce qui en sort.  En attendant, je rends hommage à Claude Janelle pour son travail qui a permis l'analyse ci-dessus.  Je poursuivrai sans doute l'analyse lorsque j'aurai complété la base à ma satisfaction.

Comments:
Fort intéressantes première analyse, Jean-Louis, vraiment. Merci d'avoir eu le courage de t'attaquer à ce genre de travail, j'en apprécie le résultat, sans avoir moi-même le courage de le faire, et le commenter.
Je n'ai rien à redire sur tes conclusions, qui semblent en parfaite relation avec tes données et les limitations de celles-ci.
L'affaire soulève quelques questions; dont celle-ci, qui me turlupine:
Pourrait-on considérer éliminer des données brutes les auteurs qui n'ont publié qu'un seul texte-court? Ensuite voir l'impact sur certaines de tes analyses, comme l'importance de la SF, par exemple. Je ne sais pas si ça aurait un impact significatif, mais il me semble qu'il serait intéressant - même si ça réduit malheureusement l'échantillon de données - d'avoir une image de ceux qui ont au moins publié deux textes, et qui ne sont donc pas, statistiquement, des sortes d'accidents de parcours. Cette ligne de deux textes est certainement discutable - et je n'éliminerais pas les auteurs d'un seul roman - mais me semble intéressante dans la mesure où j'ai l'impression (que j'aurais aimé vérifier, mais voir ci-haut) que les "accidents" de parcours doivent être plus fréquents en fantastique qu'en SF. Mais peut-être les variations ne seraient pas significatives non plus.
Ta remarque sur l'ironie de 1958 comme année de naissance m'a fait penser à deux choses:
Un. Quelle est l'année de naissance comportant le plus d'auteurs "connus ou significatifs" (équivalent de ceux en gras dans ta liste de 1958), cette année est-elle un point aberrant dans l'analyse?
Deux. J'imagine que les données ne sont pas disponibles, mais une analyse par mois de naissance, aussi ridicule que ça puisse sembler à priori, pourrait faire ressortir des choses étonnantes; une telle analyse des joueurs de ligues majeurs de soccer ont fait ressortir des tendances marquées en faveur de certains mois, révélant l'avantage que certains jeunes tirent de leur mois de naissance par rapport au calendrier sportif, à leurs débuts par exemple...
Bonne continuation.
 
Je note les idées que tu proposes pour le prochain après-midi pluvieux.

(1) éliminer les « accidents de parcours ». À mon avis, il y a deux façons de les considérer. D'une part, même un texte ponctuel est le reflet de l'esprit d'une époque et révèle quelque chose de la popularité d'un genre auprès d'une génération donnée. D'autre part, ce serait effectivement intéressant de s'en tenir aux auteurs qui ont démontré une certaine persévérance. Moi, j'irais jusqu'à éliminer les auteurs d'un seul livre (ce qui éliminerait un certain nombre d'auteurs auto-édités, mais pas tous). Ceci entraînerait une réduction assez radicale des chiffres, je crois. Plusieurs auteurs du XIXe siècle n'ont signé qu'un texte, après tout. Mais ce serait certainement valable de voir le résultat.

(2) identifier l'année la plus féconde en auteurs marquants. Évidemment, ce serait un peu subjectif. Mon point de vue sur les auteurs marquants ne serait pas nécessairement celui de tout le monde. Et comment pondère-t-on une année qui compte deux ou trois vedettes et une année qui compte dix auteurs importants? Il y a certainement eu des années importantes : Jean-Pierre April et Esther Rochon sont nés en 1948, Anne Robillard et Daniel Sernine sont nés en 1955, Yves Meynard et Natasha Beaulieu sont nés en 1964, tandis que Patrick Senécal et moi-même sommes nés en 1967. Mais l'exercice ne serait pas évident.

(3) refaire l'analyse en fonction des mois de naissance. En fait, je dispose des mois de naissance pour un assez grand nombre d'auteurs, eu égard aux incertitudes que je signalais. Néanmoins, cela réduirait l'échantillon et augmenterait la marge d'erreur. Peut-être que je tenterai le coup pour repérer les mois significatifs se démarquant de la tendance pour la population générale. Idéalement, il faudrait que je compare année par année, ou au moins décennie par décennie. Sinon, j'utiliserai ce tableau qui présente les chiffres pour les dix dernières années au Québec.
 
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