2012-09-25

 

Virus et cyberpunk canadiens

Le roman de Nina Munteanu, Darwin's Paradox (Dragon Moon Press, 2007), est si dense qu'il est difficile de le caractériser.   Dans un futur moyennement éloigné, transformé par les changements climatiques et la conversion des villes en forteresses claquemurées qui tournent le dos à la campagne, Julie Crane a survécu à un passé chargé.  Capable d'interagir directement avec les IA de sa communauté d'origine moyennant un scan rétinien, elle a été infectée par un virus qui lui permet de communiquer avec les IA de manière plus ou moins télépathique.  Le problème, c'est que le virus s'est propagé de manière meurtrière dans la population et qu'elle a dû fuir sa ville d'origine après un accrochage avec les forces de l'ordre.  En compagnie d'un amant qui est devenu le père de sa fille, Julie a trouvé refuge en rase campagne dans la vallée du Saint-Laurent.  Hors des villes, il ne reste plus personne ou presque.  Pourtant, le roman débute alors que la petite famille de Julie bénéficie de la compagnie d'un mystérieux vagabond, Aard, qui s'avère n'être autre qu'un agent secret de leur cité d'origine.

Julie décide de retourner dans la ville qu'elle a quitté.  Et l'action commence...  Le nombre de personnages importants qui s'intéressent à l'ancienne patiente zéro est assez effarant.  Il y a ceux qui veulent se servir d'elle, ceux qui l'aiment et ceux qui la détestent.  Sans parler des IA qui attendent son retour.

Tout semble se liguer contre Julie, et c'est peut-être bien une des faiblesses du roman.  Même si les règles de la narration nord-américaine exigent de multiplier les embûches et les dangers qui doivent pousser un personnage à bout, il arrive un point où l'accumulation de malheurs fait verser une histoire dans le mélodrame.  Au fil des pages, Julie est séparée de son mari et de sa fille, obligée de tuer des assassins fanatiques lancés sur sa piste, trahie, violée et rendue responsable d'une épidémie qui a tué des millions de personnes.  Sa persévérance inspire l'incrédulité du lecteur plus que son empathie.  Néanmoins, avec l'aide de sa fille et d'alliés sur qui elle n'était plus certaine de pouvoir compter, Julie fait triompher la vérité et la justice.

Munteanu fait reposer son intrigue sur une innovation technique dont les conséquences sont imaginées avec rigueur, mais l'accumulation d'acteurs et d'éléments brouille la lisibilité de l'intrigue.  En définitive, le dénouement nous prend par surprise parce qu'il ressemble à une péripétie de plus, et non au résultat du point culminant de l'action.  Darwin's Paradox a le mérite de relever d'une forme exigeante de la science-fiction et de camper des personnages convaincants, mais la construction de l'intrigue, qui repose sur un passé foisonnant et des factions multiples, est le point faible de ce livre.  N'empêche que je lirai avec curiosité un autre roman de Munteanu.

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