2011-11-08

 

Vivre pour manger

Vivre pour manger ou manger pour vivre... Dans la mesure où le coût énergétique du cerveau hypertrophié des humains est très élevé, il faut bien se rendre compte que c'est une fausse alternative. Pour acquérir ce cerveau si gonflé que les femmes accouchent dans la douleur, les humains ont dû sacrifier une partie de leur système digestif, dont une bonne longueur des intestins présents chez les autres primates. Mais ceux-ci se nourrissent principalement de feuilles et d'écorces qui exigent une longue macération. Les humains, eux, privilégient les racines, les fruits, les graines et les noix qui se digèrent mieux et contribuent plus de calories. Et ils pratiquent la cuisson de la viande et des autres aliments de manière à faciliter l'absorption des nutriments.

De plus, comme l'évoquait un article dans le numéro de juillet-août dernier de Discover, les humains auraient concentré les protéines qui transportent le glucose dans leur cerveau et non dans leurs muscles, alors que les chimpanzés accusent une répartition contraire. C'est ce qui facilite aussi l'approvisionnement du cerveau humain en énergie. Inversement, si un chimpanzé est tellement plus fort qu'un être humain, ce serait non seulement pour des raisons mécaniques mais parce que son cerveau est tellement plus petit, en fait...

Ce qui signifie qu'il n'y a rien d'étonnant, en définitive, à ce que les humains passent beaucoup de temps à choisir leur nourriture et à la préparer. Un gorille peut se permettre d'enfourner des feuilles et de digérer, mais ce que l'humain gagne en capacité cérébrale, il doit dépenser en partie pour nourrir convenablement son cerveau en lui fournissant une ration appropriée d'aliments suffisamment riches pour lui servir de carburant. Par conséquent, nous mangeons pour vivre et nous vivons aussi pour manger. Chasse, cueillette, agriculture, élevage industriel... D'un millénaire à l'autre, l'appétit du cerveau ne change pas et nous consacrons beaucoup d'efforts à le satisfaire. Et si certaines sociétés (en France ou en Chine) ont poussé très loin la gastronomie, c'est qu'elles répondent en fait à un besoin aussi ancien que primitif.

Toutefois, de nos jours, ce n'est plus si difficile de nourrir ce cerveau affamé. La généralisation de l'embonpoint et de l'obésité en témoigne. Sur une longue période, l'évolution pourrait-elle réagir en allouant moins de glucose en cerveau et plus à la musculature? Ou en laissant le cerveau grandir encore plus?

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