2011-08-28

 

Un Canada idéal

Les funérailles nationales de Jack Layton ont confirmé la dimension politique qu'il semble avoir souhaitée pour son décès. Mais en dépit du discours de Stephen Lewis, il ne s'agissait pas d'un événement essentiellement partisan. Son poids politique tenait surtout à sa dimension spectaculaire, qui mettait en scène, de la manière la plus évidente qui soit, une certaine conception de la collectivité canadienne et une vision précise du Canada rêvé. Bref, le déroulement de la cérémonie d'hier nous a offert un aperçu d'un Canada idéal.

Tout y était, du droit de préséance des Premières Nations à la représentation équitable de l'anglais et du français, en passant par l'importance des arts ainsi que l'inclusivité religieuse et ethnique — et sans oublier de faire une place aux gays et lesbiennes, ou aux personnes handicapées. Systématique, oui, mais également emblématique. Chacun de ces choix véhiculait une valeur de ce Canada idéal, et par-dessus tout l'inclusivité. Alors que le gouvernement actuel cherche à réduire le Canada d'aujourd'hui à un simple appendice britannique, où l'économie l'emporterait toujours sur la culture ou la science, la vision du Canada mise en scène par les funérailles de Jack Layton était plus ample, plus ouverte et infiniment plus généreuse. Dans une certaine mesure, il s'agissait de la vision des Libéraux de Trudeau, mais les dernières volontés de Layton en auront fait un modèle néo-démocrate. (Après tout, la vision traditionnelle du Canada social-démocrate idéal aurait sans doute fait plus de place aux déshérités de la terre...) En la reprenant à son compte, le NPD amorcerait un rapprochement avec les Libéraux et avec le centre du spectre politique. Au programme, il y avait même à boire et à manger pour les baby-boomers (la musique de leur jeunesse) et les réminiscences des enfants de Layton rappelaient que leur père appartenait à la grande classe moyenne canadienne.

Ce n'était pas le Canada de tout le monde qui apparaissait à l'écran et ce serait excessif d'affirmer que Jack était le politicien du peuple. D'autres élus aussi ont reçu l'appui du peuple, qu'ils soient de droite ou qu'ils soient indépendantistes. Néanmoins, comme je le rappelais après le 2 mai, le vote des partis de gauche (Libéraux+NPD+Verts) réunissait une majorité des suffrages canadiens, autant au Québec (59,7%) que dans le reste du Canada (51,9%). Et encore, je ne considère pas que le vote croupion du Bloc corresponde à un appui des idées de gauche... Par conséquent, la petite délégation de la droite — Ford, Harper et ses ministres — sur place aux funérailles de Jack avait raison de se sentir minoritaire. Et ce n'était sûrement pas mauvais qu'elle le sente, pour une fois.

Libellés :


Comments: Publier un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?