2011-08-02

 

Les infrastructures chinoises du Québec

L'autre semaine, quand deux trains à haute vitesse se sont emboutis en Chine, la presse en a vite profité pour évoquer le spectre de la corruption et de la construction bâclée qui hante tous les projets d'infrastructure menés tambour battant depuis quelques années en Chine.

L'écroulement d'une partie du tunnel Ville-Marie en fin de semaine, après divers viaducs et dalles, nous rappelle que la construction de nombreuses infrastructures québécoises (routes, autoroutes, ponts, tunnels... et Stade olympique) a également été bouclée dans l'urgence, entre les échéances d'Expo 67 et des Jeux olympiques de 1976. Depuis le dépôt du rapport Malouf en 1980, on a quelque idée de la gabegie qui régnait à l'époque sur les chantiers. Si certaines traditions se perpétuent depuis, comme le laissent croire les reportages récents sur la collusion, la corruption et les pratiques mafieuses dans le milieu de la construction, ce ne serait pas un hasard, mais la prolongation d'un phénomène historique.

Et si les infrastructures des années soixante et soixante-dix se délitent après moins de quarante ou cinquante ans, on peut se poser à juste titre la question de savoir s'il s'agissait initialement de conceptions à courte vue, comme je l'ai déjà suggéré et comme certains l'infèrent du choix systématique du béton plutôt que de l'acier; d'insuffisances au niveau de la construction d'origine et de l'entretien au fil des ans, comme on l'entend de plus en plus; ou carrément du résultat de malfaçons criminelles.

Dans la plupart de ces cas, il est légitime de se demander si l'argent économisé à l'origine ou au fil des ans aura été dépensé autrement, pour financer les services offerts par le modèle québécois, encore défendu avec acharnement par quelques-uns (non seulement du point de vue de sa finalité humaniste, qu'on ne peut contester, mais aussi de son réalisme financier et économique), même s'il a fallu — en plus ! — endetter le Québec jusqu'à la limite du supportable.

Bref, l'heure des choix se rapproche.

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Comments:
Est-ce le modèle québécois qui est à l'oeuvre dans toute l'Amérique du Nord (et ses ingénieurs, et ses entrepreneurs)?
Lire:
http://www.cyberpresse.ca/actualites/201108/06/01-4423968-infrastructures-routieres-negligees-lamerique-decrepite.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B41_acc-dimanche-bandeau_372676_accueil_POS2
 
Le problème, c'est que, selon cet autre article de La Presse, l'âge moyen des ponts au Québec est de 36,5 ans. Aux États-Unis, selon le rapport de l'American Society of Civil Engineers, l'âge moyen des ponts était de 43 ans... en 2009. Ce qui traduit une modernisation plus tardive (post-duplessiste) des infrastructures au Québec.

Si on fait le calcul, cela signifie qu'aujourd'hui, ceteris paribus, les ponts aux États-Unis aurait presque 9 ans de plus que les ponts québécois et, avec 45 ans d'âge, se rapprocheraient de la durée de vie standard de 50 ans.

Par conséquent, que les ponts aux États-Unis accusent leur âge n'a rien d'étonnant. Ils sont véritablement en fin de vie. Par contre, dans le cas québécois, on peut légitimement se demander si on n'a pas construit (ou entretenu) au rabais. Encore plus qu'ailleurs, c'est-à-dire, puisqu'il ne s'agit pas d'affirmer que les autorités ont été sans tache aux États-Unis.

Il faudrait établir les mêmes comparaisons pour toutes les autres catégories d'infrastructures pour être fixés, bien entendu. Je te laisse poursuivre l'exercice, Daniel...
 
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