2011-05-01

 

Pourquoi voter NPD

De Laurier à Layton

La politique canadienne sent les fins de règne. Le Parti libéral a enchaîné trois chefs aussi faibles que peu convaincants depuis le départ de Jean Chrétien tandis que le nouveau Parti conservateur a enchaîné deux gouvernements minoritaires sans jamais s'approcher vraiment d'une majorité. Les amateurs de comparaisons historiques seront tentés de faire le rapprochement avec la situation entre 1891 et 1896 quand la mort de John A. Macdonald avait entraîné la succession rapide d'Abbott, Thompson, Bowell et Tupper, quatre premiers ministres conservateurs parfois estimables mais aussi oubliables qu'oubliés aujourd'hui. L'élection de Laurier avait ensuite instauré un long règne libéral et une nouvelle ère politique...

Entre 1896 et 2011, il existe des parallèles : un lendemain de crise économique (la panique de 1893), le succès (potentiel pour l'instant) d'un parti au Québec sous la gouverne d'un chef d'origine québécoise et l'épuisement de la vieille garde. Une victoire électorale décisive des Néo-Démocrates de Layton complèterait le tableau, mais elle est loin d'être assurée : les ultimes sondages accordent toujours l'avance aux Conservateurs de Harper. Même si une partie de ce soutien est concentrée en Alberta et en Saskatchewan, où elle ne rapportera pas de sièges supplémentaires aux Conservateurs, ce désavantage est plus que compensé par la division du vote à gauche de Harper dans le contexte électoral canadien (qui s'en tient à un système qui représente de plus en plus une aberration à l'échelle mondiale, d'ailleurs).

Par conséquent, les arguments en faveur d'un vote stratégique demeurent puissants, sauf que cette fois ils tendent à favoriser un vote en faveur du NPD plutôt que pour les Libéraux ou le Bloc québécois. Pour se rallier à cette option, il faut sans doute réfléchir un moment aux avantages d'un gouvernement dominé (ou constitué) par le NPD.

L'intérêt premier du NPD au pouvoir, ce serait d'offrir au Canada son premier gouvernement authentiquement national depuis les années Chrétien, voire depuis le premier gouvernement Mulroney. Un tel gouvernement transcenderait les divisions régionales et linguistiques exploitées jusqu'à plus soif par le Bloc québécois et le Parti conservateur.

Un gouvernement Layton aurait à gérer des contradictions internes évidentes sur le sujet du registre des armes à feu, des sables bitumineux et des politiques linguistiques du Québec. Afin de concilier des intérêts divergents (entre l'Est et l'Ouest, les villes et les campagnes, le Québec et le reste du Canada), le NPD a d'ailleurs commencé à rechercher des positions intermédiaires raisonnables. S'il est divisé, c'est parce que le pays est souvent divisé et que le parti s'est donné les moyens depuis quelques années de représenter le pays tout entier, à l'instar des Libéraux de Laurier, sans se cantonner à la simple défense d'intérêts régionaux et sectoriels pratiquée par le Bloc québécois et le Parti conservateur.

Le défi pour le NPD, ce serait de survivre à ces divisions qui avaient entraîné l'éclatement de la coalition de Brian Mulroney, écartelée en définitive entre les nationalistes québécois de Lucien Bouchard et les purs et durs de l'Alberta rameutés par Preston Manning. Mais si le NPD était capable de gérer et de résoudre ces débats d'une manière transparente, il rappellerait à tous les Canadiens qu'il est également possible de faire de la politique en se concentrant sur ce qui nous rassemble, et non sur ce qui nous divise.

L'autre avantage du NPD au pouvoir, ce serait de nous permettre de dire adieu au style de gestion adopté par les Conservateurs de Harper.

Mais le suspense risque de durer jusqu'aux petites heures du matin, mardi...

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Comments:
Je dois dire que pour une des rares fois, je suivrai avec attention le résultat du scrutin... Seigneur, seigneur, faites que Harper prenne une bonne débarque! :D
 
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