2009-03-20

 

Le futur des journaux

Et si Ouest-France incarnait le futur du journalisme?

Aux États-Unis, les journaux tombent les uns après les autres. Victimes d'internet et de la gratuité de l'information en-ligne, selon de nombreux experts. Victimes, selon d'autres, d'un modèle économique qui fondait la marge de profit de ces journaux non pas sur leurs lecteurs ou abonnés, mais sur leurs ventes de publicité, en particulier... aux fabricants de voitures!

Après le futur de l'édition de livres, à quoi ressemble le futur des journaux? Après tout, certains journaux se portent plus ou moins bien, ailleurs qu'en Amérique du Nord. Est-ce parce que la vague du numérique tarde à les rattraper? Ou est-ce parce qu'ils ont opté pour des modèles économiques distincts?

En fait, la Toile a révélé des choix stratégiques douteux de longue date, dont celui d'économiser le plus possible sur la variété de l'information, c'est-à-dire en payant le moins possible la base de la pyramide constituée par les journalistes. Au lieu de payer pour des articles originaux, les journaux nord-américains ont meublé leurs pages avec des dépêches fournies par les agences de presse (le même compte rendu d'une partie de hockey apparaissant d'un océan à l'autre) ou ils ont acheté des articles déjà parus ailleurs (de sorte qu'un article lu le lundi dans le New York Times sortira le mercredi dans le Globe and Mail, ou qu'on lira à Ottawa des articles tirés de la presse britannique). Ou quand les grands groupes de presse ont mis la main sur des journaux un peu partout, ils ont sabré dans les coûts de fonctionnement en s'assurant qu'un article paru à Calgary serait reproduit le plus possible à Winnipeg, Ottawa et Montréal... Bref, la part d'originalité des journaux nord-américains reposait sur une base de plus en plus étroite quand les nouvelles en-ligne ont commencé à s'imposer.

Naturellement, les internautes sont bien placés pour s'apercevoir des répétitions; il leur suffit d'un clic de souris pour sauter de Paris à Londres, de New York à Toronto. Dans les grandes villes, il suffit de feuilleter quelques journaux pour constater que la seule raison d'acheter un journal plutôt que l'autre, c'est de plus en plus la vision éditoriale et la ligne politique, car le reste se ressemble de plus en plus. Et comme le contenu propre se retrouve aussi en-ligne, il ne reste plus qu'à s'informer en-ligne.

Sauf que ce n'est pas payant pour les journaux... Un problème qu'on néglige parfois, c'est celui du temps dont disposent les internautes : s'ils se branchent sur la Toile pour remonter aux plus grandes sources d'informations originales (et non remâchées par les agences de presse et les conglomérats), comme la BBC ou le New York Times, il ne leur restera pas nécessairement le temps de consulter ensuite un journal local pour faire le tri et retrouver les quelques infos locales que la BBC ou le New York Times n'auront pas.

C'est ce qui tue la lecture des journaux, il me semble. La valeur ajoutée fournie par les journaux locaux ou secondaires ne justifie plus le temps que l'on peut passer à la trouver.

La solution viendra peut-être de cela même qui mine les journaux : la mise en-réseau. Le site de Radio-Canada, par exemple, offre à la fois une couverture mondiale et nationale, et une couverture régionale. Un journal comme Ouest-France offre la même combinaison, qui rappelle un peu le modèle USA Today mais avec la couverture régionale en plus, de sorte que le même site offre une combinaison qui suffit à certains lecteurs. Ouest-France n'a pas encore abandonné les éditions sur papier, mais le journal a-t-il déjà fait face à la concurrence d'internet?

Bref, peut-on imaginer des journaux qui survivront sur papier grâce à la création d'une édition unique pour un grand territoire, modulée selon chaque région, mais offrant tout à la fois un contenu journalistique de grande qualité sur les sujets d'ordre mondial ou national et une couverture des sujets régionaux? La réduction des coûts suffirait-elle à faire survivre des éditions sur papier payantes et une édition en-ligne gratuite? C'est ce que nous verrons, qui sait...

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Comments:
Je pense que tu peut-être trouver ce interessant:

Cardin Introduces Newspaper Rescue Bill

Democratic Senator Benjamin Cardin of Maryland has introduced a measure aimed at rescuing the struggling newspaper industry. The Newspaper Revitalization Act would let newspaper companies become educational non-profits and operate similar to public broadcasters. Audiences would be eligible to give tax-deductible donations, while advertising and subscription revenue would become tax exempt. Cardin said, “The business model for newspapers, based on circulation and advertising revenue, is broken, and that is a real tragedy for communities across the nation and for our democracy.”


http://www.democracynow.org/2009/3/26/headlines
 
Oui, c'est une solution possible.

Au Canada, le magazine The Walrus est une revue d'idées et de journalisme qui est publiée par une fondation charitable. Mais il n'existe pas encore de loi canadienne spécifique pour les journaux et les revues, a priori.
 
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