2008-12-18

 

Je l'avais prédit!

Barack Obama n'est pas encore président et, pourtant, de nombreux électeurs de gauche aux États-Unis sont déçus. Les personnes désignées par Obama à des postes dans son cabinet présidentiel sont de moins en moins progressistes, ce qui culmine avec la désignation aux Transport d'un Républicain de l'Illinois qui semble plus enclin à construire des autoroutes qu'à relancer le rail. Venant après un secrétaire de l'Agriculture de l'Iowa, gagné d'avance aux intérêts de l'agro-industrie, et un secrétaire de l'Intérieur qui est un rancher du Colorado plus ou moins soucieux de l'environnement, le portrait commence à se préciser. Dans plusieurs domaines, le statu quo sera de mise; si Obama lance des batailles progressistes, elles seront soigneusement ciblées : la réforme du système de santé, le retrait de l'Iraq (au ralenti ou non), la fermeture de Guantánamo et la réforme de la production énergétique (et encore, je considère que le nucléaire fait partie des choix progressistes, ce qui n'est pas l'avis de tous).

Dans une certaine mesure, je l'avais prévu dès le 4 novembre, quand j'écrivais : « De toute manière, le suspense persistera encore longtemps. Les deux candidats ont revendiqué des positions occupant presque tout le spectre politique. Que donnera l'effondrement de leur fonction d'onde quand ils ne pourront plus se cacher dans un nuage de possibilités? [...] Avec George W. Bush, l'incertitude avait duré jusqu'aux premières nominations. Plus précisément, il avait commencé par présenter Powell et Rice... avant de glisser dans son cabinet des paléo-conservateurs et des fossiles de droite qui n'ont pas perdu de temps avant de retirer les États-Unis du protocole de Kyoto et de planifier une guerre en Irak. »

D'ailleurs, dès le 3 janvier, je me montrais sceptique : « Quand un commentateur comme Paul Krugman (gauche) se méfie d'Obama tandis qu'un David Brooks (droite) est pratiquement disposé à voter pour lui, j'ai du mal à croire que Barack Obama incarne un changement de cap véritablement prometteur. » Depuis, Paul Krugman a remporté un prix de la banque royale suédoise pour les sciences économiques commémorant Alfred Nobel — bref, une sorte de Prix Nobel (je fais la distinction puisque les médias semblent l'oublier). Et Krugman ne fait pas partie du cabinet d'Obama, qui semble donner la préférence au centre politique, aux copains de Chicago et Harvard, et aux hommes.

Est-ce nécessairement mauvais de concentrer ses réformes dans trois ou quatre domaines? Non, mais des signes d'espoir dans certains autres domaines (l'environnement et le réchauffement de la planète) doivent s'appuyer sur la collaboration de tout le cabinet; si les responsables du transport ou de l'exploitation du territoire ne sont pas sur la même longueur d'onde, les efforts les mieux intentionnés pourraient ne rien donner.

Enfin, on verra bien...

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Comments:
Desolee pour ecrire ce chose en anglais, mais...

You so have it! In fact I was just posting to my (friends only, can add you if you want somehow) blog about it!

I said:

"Who is Ray LaHood? I mean, other than what Wikipedia and the New York Times can tell me? Why does he get to be transporation secretary, other than that he's from Illinois?
Will he fix Amtrak? I mean, ok, him being a Republican I don't care about. He might know stuff.
But I see no reflection of that. You'd think the necessary qualification would be having run a major train system or worked on a project or something. Based on what I've heard about public transit in Illinois, I'm not holding my breath.

I suspect five years from now we'll be no closer to an improved train system. Which makes me really annoyed and want to just leave. Because we're too busy having to fight about US aggression abroad and healthcare and schools and life or death stuff to fight about public transportation.

Of course, by the time I get Mike to agree to leaving, everyone else will be too and no one will take us. For two years, maybe four or five....no, five...I said "Let's go to the EU somehow, or Canada to start with" and he always has a reason why we can't go. If McCain was elected we would have left, I know that, but we would have been part of a mass exodus, I suspect (I've started reflexively capitalizing that word for some reason, annoying).

Salazar, his pick for the Interior post, is not impressive....http://en.wikipedia.org/wiki/Ken_Salazar
example: In 2005, Salazar voted against increasing fuel-efficiency standards (CAFE) for cars and trucks, a vote that the League of Conservation Voters notes is anti-environment. In the same year, Salazar voted against an amendment to repeal tax breaks for ExxonMobil and other major oil companies. http://en.wikipedia.org/wiki/Ken_Salazar

His nominee to head the Agriculture dept, Tom Vilsack, is also no prize.
After a brief run for the presidency in 2007, Vilsack worked as an attorney for a corporate law firm that has represented food giants Cargill and Conagra. He is a strong backer of biofuels and genetically engineered crops.
http://www.democracynow.org/2008/12/18/obama_picks_pro_ethanol_former_iowa

He also picked a conservative and more importantly hotheaded jerk Reverend to deliver the invocation at his inauguration.

I suppose he thinks he's reaching out to all the conservative idiots who probably voted for McCain as a gesture of reconciliation, but why should a liberal have to reconcile with the right when they make no effort to reconcile with the center (which is where Obama is, face it).

Business as usual much?

Check VoteSmart to confirm this stuff...


C'mon, somebody give me hope. I mean, of course he'll be an improvement over the current circumstances, but that's like saying amputation is better than having gangrened feet.
You'll still be on crutches. True improvement in that case would either be proper treatment of the gangrene, if possible, or some really spiffy artificial feet.
Crutches aren't that great.

And yes, I usually hate it when folks use analogies for this sort of stuff because they're so easy to twist and aren't really an argument. But I'll damn well use one this time.
"

Peut-etre il doit concentrer dans un ou deux choses parce que il y a beaucoups...je ne suis supris pas, mais ennuye a confirmer dans mon pessimisme.

Peut-etre je suis irrealiste--je n'aime pas le solution nucléaire.

A cote du ce sujet, maintenant je suis commence lire ton livre 13,5 km sous Montreal (:
 
Pas paniquer. En France Sarkozy avait entamé son gouvernement avec tellement de socialistes et de centristes que son lieutenant Devedjian réclamait une ouverture étendue aux sarkozystes (!). Deux ans plus tard, on est très loin d’une politique de gauche...

De toute manière si j’ai bien compris, ce sont les sénateurs et les représentants qui décident réellement des lois qui passeront non ?
 
Pour Val:

Tiens, j'ai relu en vitesse 13,5 km sous Montréal et j'ai découvert que j'avais presque tout oublié de ce que j'avais écrit. Mais cela reste une traversée intéressante de Montréal. Et j'ai retrouvé cette phrase encore plus savoureuse aujourd'hui qu'il y a dix ans : « Éolie Leduc croit aux maths comme on croyait autrefois aux économistes. »

Pour, hmmm, Krysztof:

En pratique, ces dernières années, le système législatif étatsunien est devenu presque aussi inefficace qu'en France, où on passe des lois qui ne sont jamais appliquées par les grands corps publics (si ce n'est que parce qu'on ne vote pas les crédits) et qui, même alors, ne seront pas toujours respectées par la population. Aux États-Unis, la présidence Bush a pris le pli de ne pas nécessairement se plier aux lois passées par les assemblées...

Dans les faits, la situation aux États-Unis est complexe. Les représentants proposent, les sénateurs décident et le président dispose (dans certains cas, il peut apposer son veto, et Bush a aussi commencé, donc, à pratiquer l'exemption par avance des lois qu'il ne pouvait pas annuler). Toutefois, il existe à l'intérieur du gouvernement des États-Unis un grand champ d'action pour la présidence ; des mesures dites administratives ou réglementaires ne seront pas nécessairement moins influentes que de nouvelles lois. Quant aux lois, les trois pôles du système détiennent en général assez de pouvoir pour tous les obliger à négocier les uns avec les autres.
 
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