2008-10-27

 

Un point aveugle

La constance des traits les plus ignobles de l'humanité a quelque chose de rassurant pour l'écrivain. En attendant la Singularité, on peut écrire sur les humains sans se soucier des dates. Aujourd'hui ou sous l'Empire romain, les choses ne changent pas énormément et c'est toujours plus facile de blâmer les victimes que les oppresseurs — ou les profiteurs.

Ainsi, en fin de semaine, David Leonhardt écrivait dans le New York Times pour se plaindre de l'optimisme béat des citoyens des États-Unis, matérialisé selon lui par la diminution constante, de 1980 à aujourd'hui, des sommes affectées par eux à l'épargne : « The personal saving rate — that is, income minus spending — arguably tells the best story about our recent optimism. »

Étrangement, Leonhardt admet en passant que cette diminution était sans doute le produit d'une stagnation des revenus de ces mêmes travailleurs : « There was a simple enough justification for the decline. Since the 1980s, incomes for most families haven’t been growing very quickly, which has made it more difficult to save. » Mais il consacre le reste de l'article à déplorer un optimisme dont il n'a tout simplement pas prouvé l'existence, condamnant une supposée croyance en un droit à la prospérité ad vitam æternam. Un autre commentateur du Times, Ben Stein, économiste apparemment vendu à l'école de Chicago, critique pareillement sa maquilleuse parce qu'elle n'a pas d'économies sans paraître remarquer qu'elle lui a dit qu'elle ne connaît personne sauf lui qui ait des épargnes : quand personne, dans une certaine catégorie de revenues, n'a les moyens d'épargner, ce n'est plus une question morale, mais une question de moyens.

Après tout, on n'a pas souvent fait remarquer que le problème des hypothèques et des maisons achetées à crédit, ce n'était pas nécessairement que les conditions étaient trop généreuses — ou onéreuses, mais que les acheteurs étaient trop pauvres. Il est possible d'en conclure qu'il faut restreindre l'accès au crédit... ou qu'il faut augmenter les revenus des acheteurs potentiels, ce qui n'a pas vraiment eu lieu aux États-Unis depuis une bonne décennie, les gains de productivité ayant été accaparés par les plus riches au détriment de la majorité des salariés.

Libellés : ,


Comments:
Je pense que n'est pas seule que beaucoups des acheteurs sont trop pauvres (bien que c'est vrai); mais les limites des leurs arrangements du crédit, le même de l'économie, sont faits pour et par ces riches qu'ils ont le force de commande et faire les règles pour eux-mêmes. Le "microcredit" le même (je pense de "payday loans").

Le Singularité, heheh. Je me demande si les ordinateurs peuvent avoir l'avarice....mais non maintenant...
 
je aussi me demande si le plan des impôts de Obama peuve avoir force si'il obtient le "Bureau Ovale".
 
Dans le cas des subprimes et de plusieurs autres genres d'hypothèques, c'est clair que les règles avantageaient odieusement les prêteurs. Mais si les emprunteurs étaient plus ou moins obligés de se soumettre à ces conditions, c'était parce que leurs revenus étaient relativement réduits (pas d'augmentation réelle depuis longtemps) et/ou précaires (pas de sécurité d'emploi). Sinon, ils auraient pu obtenir des hypothèques plus ou moins normales.

(Certes, il y a peut-être eu aussi une propension aux États-Unis à avoir les yeux plus gros que le ventre, et à vouloir une grosse maison avec deux garages plutôt qu'un bungalow ou une maison en rangée qui conviendrait mieux aux revenus de l'acheteur, mutatis mutandis selon les cas. Et c'est vrai qu'un tel krach immobilier est si monumental qu'il a bien fallu que tout le monde y mette du sien.)

Mais même si je ne veux pas tout mettre sur le dos de la fiscalité, il faut bien poser la question de peur qu'on se concentre trop sur la réglementation en oubliant la redistribution.
 
Publier un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?