2008-07-05

 

Un dernier échantillon de la fantasy de 2007

J'avais ramené plusieurs romans de fantasy (acquis sans bourse délier ou non) du congrès mondial de fantasy à Saratoga Springs. J'en ai chroniqué plusieurs sur ce blogue au fil des mois, dont The Leopard Mask, Once Bitten, Twice Shy, The Scent of Shadows, The Kappa Child et Trial of Flowers. Il y avait de tout dans cet arrivage, du plus ordinaire au franchement extraordinaire, et cela se confirme avec le second roman de Jason Pratt, Cry of Justice. Dans la pile des romans rapportés, c'était le dernier échantillon obtenu en cadeau avec l'inscription. La prose de Pratt m'avait rebuté quand j'avais abordé le livre pour la première fois, un peu avant Noël, je crois... Cependant, j'ai découvert depuis qu'il suffisait de persévérer sur quelques pages pour que les choses s'améliorent nettement et que le récit devienne plus prenant. Un éclaireur et guerrier d'élite, Seifas, sert une mage et sa compagnie de soldats lancés à l'aventure dans un monde fantastique bouleversé par une guerre civile. Seifas fait un jour la rencontre de Jian, un combattant habile mais candide, que Seifas pousse sa commandante, Portunista, à recruter. Portunista est une apprentie magicienne qui lance sa brigade à l'assaut de la tour autrefois habitée par un mage puissant. Si elle est la premiêre à arriver sur les lieux, des rivaux cernent rapidement la petite prairie autour de la tour et un grand affrontement se prépare...

Je déteste l'allégorie, a dit Tolkien, en niant toute intention cachée qui façonnerait Le Seigneur des Anneaux. Et le plus grand mérite de la trilogie, dont Tolkien avoue sans ambages la référence à sa foi chrétienne et catholique, c'est bien de ne pas verser dans l'allégorie la plus évidente. Frodon a beau parcourir un chemin de croix jusqu'au bord du précipice, à un doigt du sacrifice, mais (faute peut-être de le faire pour les beaux yeux d'une dame, comme Jian pour Portunista) Frodon a besoin d'un Gollum providentiel pour que ses souffrances donnent la victoire aux siens. Dans un sens, c'est plus authentiquement chrétien, ou tout au moins catholique : les mortels peuvent aspirer à l'imitation du Christ, mais vouloir égaler Jésus en tout manquerait d'humilité et friserait le péché d'orgueil. (La doctrine protestante de la prédestination des élus, désignés d'emblée par une grâce qui les place à part, pourrait expliquer la popularité du motif sacrificiel, comme dans Trial of Flowers, chez les auteurs anglophones.)

J'ai découvert en-ligne que Pratt est un auteur « chrétien » avant de terminer ce livre, de sorte que j'ai pris conscience d'une dimension allégorique qui m'aurait peut-être échappé autrement. Le savoir a coloré toute ma lecture de la seconde moitié du roman. Les questions de la foi, du bien et du mal, de la tentation, du pouvoir et de la justice prenaient du coup un relief qu'elles n'auraient peut-être pas eu autrement. L'histoire en est-elle gâchée pour autant? Disons que c'est le coup de grâce. La prose de Pratt mise sur des effets de style qui sont plus gênants qu'autre chose, la plupart du temps. Dans la mesure où les personnages deviennent des archétypes (le Païen/Romain/Seigneur temporel, le Larron repenti, le Tentateur), l'intrigue perd de son intérêt, surtout qu'elle culmine avec une forme de résurrection et ne répond pas à toutes les questions.

Bref, même si c'est mieux écrit qu'un roman romantico-vampirique comme Once Bitten, Twice Shy, je trouve que mon instinct ne m'a pas trompé. C'est bien le plus faible des romans que j'ai ramenés de Saratoga Springs.

Libellés : ,


Comments: Publier un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?