2008-05-08

 

Québec et la Chine

Ce n'est pas d'hier que la Chine fait parler au Canada. En 1893, dans son opuscule Québec en 1900, Arthur Buies témoignait d'une époque de misère pour la Chine, quand sa force de travail était exportée, et non gardée dans ses foyers pour travailler à bas prix sur place. Le 3 mai 1893, Québec était sur le chemin de Cuba pour la Chine, car le Canadien Pacifique arrivait à Québec et il était alors possible de prendre le traversier jusqu'au terminus de Lévis pour aller en train jusqu'aux ports de l'Atlantique. Buies écrit : « je me suis trouvé à la traverse justement comme il arrivait par le Pacifique une cargaison de Chinois en destination de Cuba, disait-on. Ils venaient dans les grandes voitures express de Campbell, par lots de vingt-cinq successivement, et on les dirigeait au fur et à mesure sur le quai de la traverse. Cette migration inouïe chez nous avait attiré, bien entendu, tous les curieux disponibles, lesquels forment une légion redoutable dans Québec, quand ils ont seulement le temps de se rassembler. »

Après avoir déploré l'encombrement résultant des petites rues entre la gare et le quai, Buies arrête un instant sa pensée sur le sujet des Chinois :

« Quel singulier peuple que ces Chinois! Personne n'en veut et l'on ne peut s'en passer nulle part. On les demande à cor et à cris et, en même temps, on veut les renvoyer! Il leur suffit de passer pour causer de l'émoi et pour embarrasser les voies publiques. Et dire qu'ils sont quatre cent millions comme cela, en Chine, tous avec une queue derrière la tête! Trois cent-quatre-vingt-dix-huit millions de plus que de Canadiens! Est-ce que c'est juste, cela?

« Mais ne craignons pas toutefois de les voir nous déborder. Nous allons bien, de notre côté, nous aussi. Nous sommes en pleine période de peuplement, de reproduction à outrance, et Dieu sait quand ça va finir et jusqu'où cela va nous mener! Il s'agit de peupler de Canadiens tout le continent américain... le monde entier, quoi! Il faut que nous allions jusqu'en Chine même. Puisque les Chinois viennent chez nous, allons leur faire concurrence jusque chez eux, mais... avec des Canadiennes. » (pp. 42-43)

Il s'agit clairement de remarques en l'air, tracées au fil de la plume, sans approfondir la réflexion plus qu'il ne faut. Ce qui peut frapper, c'est que les commentaires qu'on entend aujourd'hui quand il est question de la Chine, de sa concurrence et des moyens à prendre ne sont guère différents...

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