2008-05-07

 

La productivité du Québec

Depuis quelques années, on entend des voix dire au Québec qu'il faudrait se satisfaire de la prospérité actuelle au Québec, en particulier si on retient des paramètres comme le revenu disponible après impôt, en corrigeant pour le coût de la vie dans chaque province. Mais si ce revenu personnel disponible augmente, il n'augmente pas aussi vite qu'ailleurs et il ne faudrait pas s'illusionner. Les différences de revenu se traduisent par des différences de richesse collective et personnelle. Peut-être bien que les Québécois paient moins pour se nourrir ou se loger, ce qui leur laisse presque autant d'argent qu'en Ontario, mais il faudrait savoir ce qu'ils obtiennent pour ce qu'ils paient. Des routes cratérisées et des ponts qui s'effritent? Des taudis aux loyers réglementés? De la nourriture achetée chez Maxi? Des universités en partie subventionnées par les paiements de peréquation de l'Alberta et de l'Ontario, et pourtant au bord de la faillite? La qualité n'apparaît pas nécessairement dans les chiffres qui se contentent de comparer les frais de scolarité des étudiants au Québec et en Ontario, par exemple...

C'est pourquoi cela vaut la peine de revenir sur les données de Statistique Canada en ce qui concerne les gains médians des travailleurs employés à temps plein. La figure ci-dessus illustre non seulement qu'en matière de gains bruts, le Québec demeurait en 2005 loin derrière les trois autres grandes provinces (Alberta, Colombie-Britannique, Ontario) mais qu'il se fait talonner par le Manitoba et Terre-Neuve (!). La différence est si grande que le Québec ne semble pas appartenir au même club.

Mais peut-être la capacité de déni de certaines élites québécoises s'expliquent par la concentration de la prospérité au Québec. Dans la liste des dix communautés de 10 000 personnes ou plus au Canada, classées dans l'ordre du revenu familial médian, on retrouve quatre communautés québécoises sur dix (Westmount, Mont-Royal, Beaconsfield, Kirkland), deux communautés albertaines, deux communautés ontariennes, West Vancouver en Colombie-Britannique et Yellowknife. On pourrait sans doute pinailler sur la comparabilité de ces communautés, mais, dans une province en quatrième place, la capacité des nantis à vivre à part pourrait expliquer une certaine propension à sous-estimer les difficultés des autres...

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