2007-12-09

 

Les pantoufles de Brian

Alors, que m'inspire ce qu'on a coutume d'appeler l'affaire Airbus?

Je commence à trouver suspecte l'insistance des commentateurs et des caricaturistes à faire passer Karlheinz Schreiber et le comité des Communes qui l'interroge pour des clowns se livrant à des pitreries. Quand le National Post annonçait déjà la couleur, on pouvait soupçonner qu'on voulait décrédibiliser à l'avance le témoignage de Schreiber, de peur qu'il éclabousse tant les Conservateurs d'aujourd'hui que ceux d'hier.

Jusqu'à maintenant, j'ai l'impression qu'on ne sortira pas grand-chose de plus d'une enquête que ce qu'on sait d'ores et déjà. Le milieu mis en cause obéit à des règles qui sont loin d'être sottes. Je doute fort que l'on trouvera un document qui expliciterait que la contrepartie d'un paiement à Mulroney par Schreiber, c'était l'obtention par Airbus du contrat recherché. Et je doute également que Schreiber fasse jamais un tel aveu, qui l'exposerait aux mêmes accusations déjà prononcées contre lui en Allemagne.

Mulroney s'est peut-être rendu coupable de parjure dans le cadre de l'enquête précédente sur l'affaire Airbus, mais on n'ira sans doute pas plus loin. S'il y a une forme de récompense pour services rendus dans le cas des paiements de Schreiber, elle s'apparenterait au quid pro quo qui se pratique dans les hautes sphères de la finance et qui fait que certains politiciens à la retraite acceptent de faire partie de conseils d'administration de compagnies qui ont pu bénéficier des décisions prises par ces mêmes politiciens... Ainsi, John Manley a longtemps été ministre de l'Industrie (1995-2000) et moins longtemps ministre des Finances (2002-2003); quand il s'est retiré de la vie politique, il a été nommé au conseil d'administration de Nortel (2004) et au conseil d'administration de la CIBC (2005). En France, cela ressemblerait beaucoup à du pantouflage, dont certaines formes sont maintenant proscrites par la loi...

Heureusement pour Brian Mulroney, la loi canadienne ne punit pas le pantouflage, et encore moins la forme officieuse que Schreiber aurait pu tenter d'exercer en offrant à l'ex-premier ministre de l'argent pour un travail plus ou moins réel, voire carrément fictif.

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