2007-06-30

 

L'ancienneté du neuf

Pourquoi le passé se rapproche-t-il de nous quand nous vieillissons?

J'esquissais une réponse à cette question dans un billet précédent. Ce n'est pas seulement que notre propre passé devient plus riche, émouvant et immédiat que le présent, les incidents de l'anfance et de la jeunesse prenant une importance démesurée qui persiste tandis que le présent ou les années récentes s'effacent de plus en plus vite de notre mémoire, si même les événements d'hier ou avant-hier parviennent à marquer cette pierre de plus en plus réfractaire. Le passé devient alors une contrée plus vaste, plus riante et plus attirante pour le voyageur du temps qui peut y prendre ses aises, tandis que le présent change si vite qu'il donne l'impression de s'effriter sous nos pieds.

Toutefois, il y a autre chose. En vieillissant, on acquiert en guise de contrepartie la possibilité de lancer des ponts vers des passés de plus en plus lointains parce que le temps a désormais une métrique. Tout semblait figé, presque complètement statique au temps de l'enfance. Les édifices étaient éternels et les individus aussi. Mais une fois que le changement s'observe, il nous fournit des repères pour mesurer à la fois ce qui change et ce qui ne change pas.

Prenons un exemple concret. Le mois dernier, avant de visiter le musée gallo-romain de Nice et les ruines de Cemelanum, j'ai fait le tour du jardin public contigu. Les enfants qui jouaient en ballon, les familles qui pique-niquaient, les kiosques qui ouvriraient après la sieste pour offrir des jeux ou des friandises, tout me rappelait ma propre jeunesse et si ces humbles réalités du quotidien continuaient, presque inchangées, cela me permettait d'imaginer que trente ou quarante ans avant mes plus anciens souvenirs, les choses ne seraient pas si différentes non plus, à quelques détails vestimentaires ou linguistiques près. C'est ce qui me permet d'imaginer sans beaucoup de peine les promeneurs dans un parc semblable (ou le même) il y a cinquante ou soixante ans... Comme si je venais de passer par une porte temporelle.

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