2007-04-12

 

Richesse et société

Il y a une nouvelle expression qui fait fureur depuis quelques temps : « en silo » ou « en silos ». Elle désigne le travail ou la gestion qui se fait dans l'isolement plus ou moins complet de ce que font les autres. En ce qui me concerne, cela décrit à merveille le travail des journalistes qui sont censés nous éclairer.

Prenons quelques nouvelles apparemment isolées.

● En Ontario, le gouvernement se propose de renforcer la loi contre les adeptes des courses de rue (street racing) en augmentant les amendes jusqu'à 10 000 $ et en retirant immédiatement les permis des conducteurs en cause, parce que les simples amendes existantes ne suffisent pas à décourager les fous de la vitesse; l'idée avait été mise de l'avant il y a plusieurs mois, d'ailleurs; les courses illégales de voitures ne sont pas encore un motif d'inquiétude au Québec, mais, dans le reste du Canada, elles ont une bonne place dans l'ordre du jour du gouvernement Harper qui s'enorgueillissait en décembre dernier d'avoir sévi contre elles

● En Finlande, cela fait longtemps que les amendes pour certaines infractions au code de la route (excès de vitesse) sont proportionnelles aux revenus des fautifs, ce qui avait valu à un jeune millionnaire de payer une amende de 71 400 $ il y a quelques années...

● Aux États-Unis, les économistes Thomas Piketty et Emmanuel Saez viennent de diffuser un tableur (.XLS) — révisé pour inclure 2005 — qui offre leurs données sur le revenu monétaire des individus aux États-Unis avant les taxes et transferts; leur étude de la part des revenus qui va, de 1913 à 2005, aux individus dans la fourchette du 10% des revenus les plus élevés, du 1%, du 0,5%, du 0,1% et du 0,01% montre assez clairement que ceux-ci accaparent maintenant les fruits de la croissance économique d'une manière qui rappelle la situation entre 1920 et 1940; en guise d'illustration, le diagramme suivant illustre l'évolution de la part des revenus qu'obtiennent les individus dans la fourchette du 10% des revenus les plus élevés.
Un reproche fait à l'administration Bush actuelle en matière de politique fiscale, c'est bien que les États-Unis ont jeté les bases durant la Seconde Guerre mondiale d'une redistribution radicale des revenus entre les riches et les autres, au nom de la solidarité en temps de guerre, mais que depuis le 11 septembre, c'est tout le contraire. Et comme je l'ai déjà indiqué, les choses ne semblent pas si différentes au Québec: les riches s'enrichissent plus vite que les autres.

Conclusion? Si nos sociétés commencent à souffrir de la création d'une classe de nantis qui peuvent se moquer des lois quand ils paient les mêmes amendes que tout le monde... à même un compte en banque gonflé, il faudrait peut-être envisager le paiement de certaines amendes ou frais proportionnels aux revenus... ou s'interroger sur la fiscalité des plus riches.

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