2007-03-17

 

Le futur de la culture au Québec?

Retour à un nouveau Rendez-vous stratégique de l'Institut du Nouveau Monde sur la culture, toujours au pavillon Sherbrooke, ancienne École technique de Montréal. Après les ateliers du 3 février, le moment est venu de s'interroger sur le futur : « À l'heure des nouvelles technologies, du numérique, du iPod, du cellulaire et de la mondialisation, on s'interroge : comment cela influence-t-il la culture québécoise? Quelles sont nos voies d'avenir? »

J'ai raté les événements de la veille au soir, trop pris entre mon retour d'Ottawa et le party de Glenn. Mais ce n'est pas trop difficile de prendre le train en marche. Parmi les membres de l'atelier se retrouvent Christiane Allaire, présidente de la Compagnie des philosophes, Nicole Vincent et Suzanne Ferland du centre d'artistes Praxis dans les Laurentides, Isabelle Boisclair du Théâtre Le Clou, la consultante Marjolaine Bergeron et la très polyvalente Catherine Voyer-Léger de la Conférence régionale des élus de Montréal.

Pendant le premier atelier, je plaide pour l'importance de la transmission de la culture, aussi bien à l'école (tant en salle de classe qu'à l'occasion des sorties) qu'au moyen des équipements (bibliothèques, etc.) et des médias, internet compris. Je me demande si on peut télécharger des clips audio de l'OSM (on peut!) et si Montréal aspire à élargir la connectivité sans fil (jusqu'en 2025, c'est le but des seuls visionnaires, semble-t-il). D'autres interventions soulèvent d'autres sujets, y compris celui du français. In petto, je songe que la présence du français serait plus grande si la culture québécoise s'ouvrait à toutes les créations, pour que celles-ci s'expriment en français et que personne ne soit obligé de les découvrir dans une autre langue.

La cause de la culture traditionnelle est également plaidée par un visiteur de la grande couronne qui nous vante les rencontres au fond des bois, sans machines ou conforts modernes, pour jouer sur de vieux instruments à cordes ou pratiquer l'artisanat à l'ancienne. Comme il vient de dénoncer les effets pernicieux du moteur à essence, je me retiens de demander si les participants à ces rassemblements dans les Laurentides s'y rendent à pied...

En fait, si on veut être néo-trad, il est presque plus facile de l'être en ville qu'à la campagne. On peut vivre sans voiture et sans montre, voire sans télévision, et ne pas en souffrir puisqu'on peut se déplacer à pied ou en transport en commun, trouver l'heure sur tous les téléphones payants ou autres bornes électroniques, et aller au cinéma...

Les débats s'animent vraiment en après-midi, quand vient l'heure des choix et des propositions spécifiques. Je vante l'idée d'un agenda culturel pour tout le Québec, qui serait quelque chose comme une version grand public et aussi exhaustive que possible de Créneaux, mais l'idée n'est pas retenue.

En ce qui a trait au soutien des artistes, je suis tenté de suggérer que les bourses données aux artistes sur une base annuelle soient au moins à la hauteur du revenu moyen au Québec. Mais comme je n'ai pas les chiffres en tête, je me tais. En fait, j'aurais pu le proposer... Le revenu moyen des particuliers au Québec en 2003 était de 29 900 $, tandis que la bourse la plus richement dotée du CALQ pour un écrivain est de 25 000 $. (Les montants sont du même ordre au Conseil des Arts du Canada.) Or, ne serait-ce pas normal qu'un artiste appelé à créer au sommet de son art obtienne au moins autant que le Québécois moyen?


Les propositions finales du groupes se lisent comme suit :

Comme la culture doit être reconnue en tant que moteur de développement du Québec, nous proposons :

1) Que la culture et les arts fassent partie des orientations prioritaires du système et des établissements scolaires, et que cela se traduise par des actions concrètes;

2) Que l'État assure un soutien récurrent et adéquat de la création artistique et propose au secteur privé davantage d'incitatifs visant le développement du mécénat (et le partenariat avec les organismes culturels);

3) Que l'État donne les moyens au secteur culturel d'exploiter les nouvelles technologies de l'information et des communications pour favoriser l'accessibilité, la promotion et le réseautage. Les autres propositions annoncées en plénière les recoupent quelque peu. Si je tente de synthétiser un peu ce que j'ai pu entendre et noter, cela ressemble à ceci :

— responsabiliser les citoyens et les éducateurs à l'importance de la transmission de la culture (le français, le patrimoine québécois, l'histoire), au besoin en introduisant la philosophie au primaire (!)

— initier, favoriser, valoriser et promouvoir les pratiques culturelles dès la petite enfance

— protéger et conserver le patrimoine bâti

— éduquer la population au travail des artistes, tout en améliorant leur condition socio-économique

— soutenir la création et la diffusion des arts

— réduire la fracture numérique, favoriser l'appropriation d'internet, démocratiser les nouvelles technologies de l'information et de la communication, favoriser le contenu francophone dans ces nouveaux médias

— établir un calendrier culturel à la grandeur du Québec

— conditionner les subventions aux médias pour qu'ils intègrent la culture à leur travail

Un samedi bien employé? Mitte panem tuum super transeuntes aquas...

Pour conclure cette grande série de rencontres de l'Institut du Nouveau Monde, il y aura une rencontre finale à Montréal les 27 et 28 avril sur la question des rêves collectifs. Comme ce sera en même temps que le congrès Boréal, je n'y serai pas.

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