2006-09-21

 

Souvenirs de Nigelle, bis

Encore des photos de Nigelle? Mais oui, les livraisons précédentes sont loin d'épuiser mes réserves... encore que je sois sans doute poussé à inventorier les photos que j'ai de Nigelle parce qu'elles ne sont pas si nombreuses, tout compte fait. Il y a un temps de la vie quand la jeunesse confond la fréquence et la permanence. Nous revenions à Nogent pour les vacances tous les deux ans, puis j'ai eu l'âge de revenir tout seul, presque chaque année. J'ai sans doute cru que cela durerait toujours parce que j'avais du mal à me souvenir d'un temps avant ces voyages. Il m'a fallu des années pour me résoudre à photographier des lieux que je croyais pérennes, aussi indestructibles que les vieilles pierres du château presque millénaire qui veillait sur le bourg. Nigelle faisait partie du paysage, des meubles qui seraient toujours là dans ma vie, et qui s'attarde à s'inquiéter de la durabilité des meubles? Mais je me trompais, bien sûr. Si le château féodal sur sa butte a résisté à de nombreux sièges et aux intempéries, il n'a pas survécu indemme. Lors du dernier assaut, durant la guerre de Cent Ans, un incendie détruisit le donjon et les planchers s'effondrèrent les uns sur les autres, constituant une couche de débris qui ne seraient pas excavés avant le dix-neuvième siècle quand un nouveau propriétaire décida de s'intéresser aux ruines qu'il avait acquises.

Autrefois, des hommes d'armes avaient monté la garde dans les tours du château, au service des vassaux du seigneur. Les meurtrières sont encore visibles et il est parfaitement véridique que des inscriptions ont été retrouvées à l'intérieur de certaines tours qui ont clairement servi comme prison en plus de servir de postes de garde. (Mais si le fait m'a inspiré quelques passages dans un des romans jeunesse de la série de Nigelle, je ne jure pas d'avoir été fidèle mot pour mot au libellé des inscriptions que je cite... Il faudrait aller voir, quoi!) Néanmoins, la destruction du donjon comme réduit défensif a laissé subsister une coquille de pierre si massive qu'elle ne s'est pas abattue sur le coup. Des brèches et des lézardes sont visibles dans les murailles du donjon, et les fenêtres ogivales qui n'avaient pas été murées donnent sur un grand vide intérieur, mais la structure est encore debout.

Je suis tenté de chercher un parallèle à faire avec les souvenirs qui nous conservent l'armature de nos expériences, la façade apparemment inébranlable des jours passés, mais qui cachent le creux du temps qui s'est enfui, écoulé au fil de l'eau...

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