2006-05-27

 

Un voyage fait pour voyager

Même à l'ère d'internet, le déplacement en personne est parfois nécessaire pour ensuite voyager par la pensée. Le congrès 2006 de la Fédération canadienne des sciences humaines a lieu à Toronto et attirera environ sept mille personnes, surtout des professeurs et des étudiants, mais aussi bon nombre d'enseignants, de professionnels, de chercheurs indépendants, d'archivistes et documentalistes, d'éditeurs et de vendeurs de livres.

Pour changer, j'ai pris le train. Au départ d'Ottawa, le train traverse des paysages qui ne sont pas si différents de ceux que la route ou l'autoroute traversent. On reste loin des villages et des lieux habités. En revanche, quand le train atteint le Saint-Laurent, remonte le fleuve et longe ensuite le lac Ontario, l'expérience est tout autre. La 401 est un ruban de béton et d'asphalte qui s'étale sur quatre voies, pour l'essentiel à l'intérieur des terres. Les localités que l'autoroute côtoie ont en général fait le choix de coloniser les abords des sorties, voire d'étendre des pseudopodes. Depuis une dizaine d'années, certaines villes ont à ce point enserré l'autoroute qu'elle devient pour ces villes une autoroute urbaine (je songe à Brockville, mais c'est aussi un peu le cas de Kingston, Belleville et Trenton — à partir d'Oshawa, on entre dans la conurbation qui s'étend maintenant au-delà de Hamilton). Mais le chemin de fer coupe toujours à travers champs, offre des points de vue imprenables sur les villes qu'il traverse et, par endroits, se rapproche si près du lac qu'on pourrait presque sauter dans l'eau en se précipitant d'une fenêtre.

Ce n'est sans doute pas aussi pittoresque qu'un voyage en train autour du lac Supérieur ou dans les Rocheuses (le trajet en voiture est déjà spectaculaire), mais c'est de loin préférable au trajet sur la 401 — du point de vue du paysage.

J'en ai profité pour lire Lost in Transmission de Wil McCarthy. C'est un roman de fort bonne science-fiction, et que j'ai trouvé nettement plus réussi que le précédent que j'avais lu de lui, Bloom. J'avoue que si j'ai persévéré dans son cas, c'est parce que j'ai eu l'occasion de partager une table ronde ou deux avec lui, et d'assister à une conférence par lui sur la matière programmable (dont il parle aussi dans son ouvrage Hacking Matter). J'avoue que, scientifiquement et techniquement, McCarthy m'avait convaincu, même s'il extrapole beaucoup en présentant les mêmes concepts dans la série dont Lost in Transmission est le troisième tome. En fait, ce sont les personnages de McCarthy qui sont foutûment bien foutus; la découverte de leur immortalité et de sa signification est à peine digérée par le lecteur que la situation se retourne complètement. En revanche, comme McCarthy se réserve de poursuivre l'histoire dans un futur volume, le roman se termine sans conclure. Ce qui est des plus frustrants.

La lecture de ce roman et celle aussi du second volume de la série des « Storine » de Frédérick D'Anterny m'ont sacrément donné le goût de me remettre à écrire un peu de sf, pour des raisons diamétralement opposées.

Libellés : , , ,


Comments: Publier un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?