2005-11-19

 

Retour à Bouquinville

Si le Bouquinville baptisé par Stanley Péan se matérialise chaque année sous la forme d'une petite ville appelée le Salon du Livre de Montréal, les habitants de Bouquinville cessent d'être seuls et de vivre entre eux le samedi. Les auteurs — et tous ceux qui produisent des livres —rencontrent leur public. Les allées sont envahies et il devient difficile de marcher plus vite que le plus lent des flâneurs présents.

Je me suis rendu au Salon avec Thibaud Sallé et son fils. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai payé pour entrer. Mais le nombre de guichets suffisait à faire avancer très vite les visiteurs qui faisaient la file.

Une fois au Salon, j'ai croisé le Bouquinville dans Bouquinville, c'est-à-dire le petit Bouquinvillage de la SF d'ici. Rencontre et repas avec Julie Martel, retrouvailles avec Mehdi Bouhalassa, remise d'un livre promis à Élisabeth Vonarburg, qu'elle ne se souvenait pas d'avoir demandé... J'ai aussi pu faire le point sur le prochain ouvrage de Laurent McAllister avec Yves Meynard, saluer Christine Rebours, parler avec Guy Gavriel Kay et Sonia Sarfati, entretenir Anne Guéro du congrès Boréal, promettre un livre à Daniel Sernine et bavarder avec Stéphane Marsan. Des heures occupées, mais précieuses.

À l'occasion, la conversation a rebondi et nous avons évoqué le blogue (éphémère) de Patrick Senécal sur le site de La Presse, créé uniquement pour le temps du Salon. Qu'est-ce que ce sera quand tout le monde aura son blogue? Les effets de miroir seront vertigineux. On se surveillera et on surveillera les paroles de l'autre en songeant toujours à la possibilité que tel ou tel mot assassin, que telle ou telle évaluation soit répétée à l'infini.

Évidemment, en pratique, si tout le monde se fait blogueur, il n'y aura plus personne pour lire les blogues et on retombera dans la même situation qu'avant les blogues, car ce qui s'écrira sur les blogues restera aussi privé ou confidentiel que si les faits rapportés et les paroles consignées n'avaient pas eu lieu. Le réseau des blogues deviendra en quelque sorte l'envers des événements bruts, une trace permanente mais rarement consultée de tout ce qui s'est passé dans la journée, filtré par la subjectivité de chaque blogueur. Seuls les blogueurs les plus intéressants attireront des lecteurs — et peut-être les feront-ils payer pour ce privilège!

Après mon passage au Salon, je suis allé voir le nouveau film dans la série des «Harry Potter». J'avais vu le dernier à Milan, mais j'ai renoué cette fois avec les habitudes que j'ai prises au Paramount. Le début du film enchaîne les séquences plus ou moins fébriles comme s'il s'agissait d'une bande-annonce. Un peu moins effréné, le reste du film se déroule quand même à toute allure, en sacrifiant une partie de ce qui faisait la richesse du roman. Cela dit, on ne regrettera pas beaucoup la disparition de certaines sous-intrigues (la libération des elfes domestiques voulue par Hermione, par exemple). En un sens, le film substitue aux sous-intrigues les personnages qui les animaient dans le roman; ainsi, Rita Skeeter, la plumitive du monde des sorciers, ne fait que passer, sans susciter les mêmes interrogations quant à ses sources d'information que dans le roman. De même, si des liens se tissent entre Hagrid et Madame Maxime, il n'est jamais question de leurs origines...

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